Oural 1                                                  Yek

          Après le mur de Berlin , frontière psychologique s’il en est, voilà ma deuxième frontière, la frontière naturelle, le mont Oural. Je rejoins après 1130 Km Ekaterinbourg. La Russie de l’Oural, de Yekaterinbourg, Yek. Une ville terrible, la ville de l’hypocrisie, mais aussi la ville de l’expo 2020, peut-être. La ville après avoir été témoin de l’assassinat du tsar et de sa famille, va sanctifier cette même famille, cette ville qui s’appelait du nom de Svirlov, l’hypocrite, c’est dans cette ville que je vais marcher sur le cimetière de la police de Staline au pied des immeubles réservés à cette même police.

Je ne devais croiser aucune femme remarquable dans cette ville mais la réputation de mon voyage faisait son œuvre petit à petit. Je rencontre la femme, Nadjesda, qui personnifie pour moi le courage.

Nadjesda En cliquant sur sa photo écouter le message qu’elle vous livre.

Message que Nadjesda adresse aux femmes de France

J’aimerais en premier lieu remercier les femmes françaises pour leur intérêt vis-à-vis des sujets auxquels nous nous consacrons, vis-à-vis de notre travail, parce que c’est un véritable soutien, d’une certaine manière, et nous avons vraiment besoin de ce soutien. Ensuite j’aimerais dire aux femmes qu’il faut avoir confiance en soi, en sa mission personnelle, celle que tu crois juste si tu crois en la justice, il faut bien sûr croire en la justice : si tu vois que quelque chose d’injuste à lieu près de toi, alors tu peux et devrais faire ce que tu peux pour que la situation s’améliore.

Je suis pas habituée à demander quoi que ce soi à quiconque mais si on s’oppose à ce qui est injuste … mais même sans parler d’injustice : dans la vie on ne pense pas seulement à soi mais à ses enfants, à ses petits-enfants, c’est-à-dire à la poursuite de la vie sur la terre. On nous dit souvent : « pourquoi donc tu t’occupes des questions de notre monde, va t’occuper de la cuisine ». Cependant, nous sommes des femmes, allons-nous nous occuper de ces questions ? Et il ne faut pas écouter ceux qui nous disent « va-t’en, retourne à la cuisine. »

J’aimerais demander aux femmes françaises comment elles ont réussi à éduquer toute une génération d’hommes et de politiques français qui ne pensent pas seulement à quel endroit et avec qui ils peuvent boire ce soir mais aussi à la manière dont ils pourraient résoudre les problèmes du lieu où ils vivent. Et ce n’est pas seulement leur maison mais aussi leur ville, leur pays. Parce que malheureusement, beaucoup d’hommes russes qui entrent dans la politique mesurent tout avec l’argent. J’aimerais découvrir le secret, savoir ce qu’ont fait les mères françaises pour que leurs enfants deviennent des hommes mûrs et intelligents qui ne pensent pas qu’à leur alimentation personnelle, elles ont en effet réussi à leur inculquer quelques valeurs morales.

Et je voudrais m’adresser à ces femmes françaises qui sont amenées à prendre des décisions : j’aimerais qu’elles entrent en contact avec des femmes russes pour que celles-ci votent pour les femmes politiques, qu’elles prennent part à la vie politique elles-mêmes et soient convaincues d’être à leur place et de pouvoir changer la vie autour d’elles. C’est ce qui manque vraiment aux femmes russes actuellement. Et si je ne le fais pas, qui le fera ? »

 Nadjesda 

 

     Nadjesda le dit, elle le chante si vous cliquez sur cette photo vous entendrez cette chanson du courage

 

 

  Mais que m’a livré Nadjesda? Pourquoi la mettre en valeur?

     Sa vie commence à Ozersk l’une des villes fermées par Staline, sa Grand maman décide d’aller dans la ville fermée et découvre le premier plutonium Russe. En 1957 un terrible accident nucléaire que l’on va cacher au monde entier encore maintenant. Nadjesda perdra les membres de sa famille, ses amis des suites de cet accident. Cet accident continue ses ravages. Pourquoi? A cause de l’omerta et de l’eau. 1957 c’est vieux oui sauf que de cet accident on a pas voulu en parler et surtout rien a été fait tout a été enterré près de la rivière. La radioactivité est encore forte. Le russe de la campagne vous le savez maintenant vont chercher l’eau à la rivière ou au puits. Le russe aime se baigner par tous les temps. Ils tombent malade mais les médecins ne font aucun lien entre les causes et la maladie. La zone est encore appelée le cimetière les gens de yek on peur d’y aller, espérance de vie 50 ans.

La population n’a aucune aide pour les soins ce serait avouer, la population est informée du danger par des pancartes rouillées qui interdisent la baignade sans plus d’explications.

Nadjesda est avocat, elle a déposé plusieurs dossiers à la commission européenne 8 au total elle attend.

NadjesdaMais qui est cette femme, elle le dit en Français juste pour vous!

Nadjesda représente les victimes à la Cour au niveau local, régional et fédéral, la Cour constitutionnelle de RF, Cour européenne des droits de l’homme (affaire de succès 2011 Karpachev et Karpacheva v Rus).

Elle initie et conduit les plus célèbres cas de victimes nucléaires – « liquidateurs intra-utérine », « enfants-victimes post accident», « liquidateur ».

Depuis 2010 Elle est nommée conseillère régionale du médiateur de Tcheliabinsk

2011 elle recoit the Nuclear Free Future Award, catégorie « Résistance »

Membre de RLDP « Yabloko », Fraction « Russie verte »

Publication avec un co-auteur Olga Tsepilova « ville fermée, ouverte en cas de catastrophe » 2007, Elsevier

Une des héroïnes du livre Katrin Brown « Plutopia » 2013, Oxford

Mère de 4 enfants.

Elle ne demande pas l’aveu de l’accident, elle ne demande pas l’arrêt du nucléaire, ni la condamnation de quiconque, elle sait que cette énergie est nécessaire, elle sait aussi que l’humain n’est pas prêt à s’en débarrasser mais elle sait aussi qu’il faut communiquer sur les risques d’accidents, pour que chacun mène sa vie en responsabilité, elle souhaite informer et dire qu’il peut y avoir un après accident. Elle offre à notre humanité un magnifique cadeau. Celui d’une expérience de deux générations après un accident nucléaire.

 Nadjesda, formule un souhait: “Je souhaite que la France me reçoive dans les universités aidée en cela par mon amie Nathalia scientifique nucléaire intervenante sur Tchernobyl, et Fukushima qui a écrit un livre sur l’après accident. ”

Elle me donne quelques informations: Rapport CRIIRAD 11-18 Mayak D et encore Note CRIIRAD N°09-102 Déchets le cauchemar V2

 Dès que je quitte Yek je n’ai de cesse de tourner cette phrase dans mon esprit, c’est dans les plaines de Sibérie, que j’ai cette idée: Proposer une tournée de conférence sur le thème: “Une vie après un accident nucléaire” ou “Comment parler autrement du nucléaire?” Et je me dis, il y a un après, il y a une vie après un accident nucléaire, plusieurs questions se posent. Ce vécu, cette matière à réflexion interroge plusieurs domaines scientifiques, autant les sciences dures que les sciences de la vie, le droit, l’économie, la linguistique…..

Elle ne demande pas l’aveu de l’accident, elle ne demande pas l’arrêt du nucléaire, ni la condamnation de quiconque, elle sait que cette énergie est nécessaire, elle sait aussi que l’humain n’est pas prêt à s’en débarrasser mais elle sait aussi qu’il faut communiquer sur les risques d’accidents, pour que chacun mène sa vie en responsabilité, elle souhaite informer et dire qu’il peut y avoir un après accident.

 Elle souhaite intervenir dans les universités aidée en cela par son amie Nathalia scientifique nucléaire intervenante sur Tchernobyl, et Fukushima qui a écrit un livre sur l’après accident. Le livre n’est pas publié en Russe ni en Français. Et pour finir elle demande qu’une usine de bouteille d’eau vienne livrer de l’eau dans la zone. Ca je vais m’en charger car comme par miracle dans la ville étape suivante au programme surprise la visite d’une usine d’eau. Et comme un miracle ne vient jamais seul les deux sociétés françaises qui m’avaient accordées plus que les autres leur attention se trouvent être des entreprises de bouteille d’eau. 

     Enfin si vous souhaitez tout savoir sur son action et que vous disposez de 20mn, voyez le film en deux partie de mon ami Marc De Banville.